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Grossophobie (et handicap invisible)

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Si vous m’avez déjà rencontré, alors vous le savez déjà : je suis grosse. Ce n’est pas quelque chose que je peux cacher, vous pouvez vous en doutez.

Mais j’ai également un handicap invisible : l’endométriose a laissé des séquelles. J’ai une vertèbre abimée là où j’avais une lésion. Mais même avant 2020 (date de mon opération), j’avais l’endométriose comme handicap invisible.

Grosse et handicapée ? le combo de la mort (de la paix)

Et là vous me voyez venir. La grossophobie que je subis au quotidien est doublement plus violente du fait de mes handicaps.

D’autant plus que ma prise de poids est directement liée à mon endométriose, puisque j’ai pris du poids à cause des différents traitements hormonaux que j’ai pris avant mon diagnostic.

C’est bien simple, j’ai testé toutes les pilules du marché, ainsi qu’à des mélanges pour tenter de me débarrasser de mes règles/kystes/douleurs, etc. Sauf que je n’ai eu que les effets secondaires, aucun bénéfice, ce qui inclut une moyenne de 4 kilos en plus à chaque changement. Avec un changement tous les 2 mois, je vous épargne le calcul, j’ai pris une trentaine de kilos en moins d’un an (que je n’ai jamais perdu, bien entendu).

Alors imaginez maintenant : une grosse, qui a du mal à marcher (parce qu’elle a une hémorragie et qu’elle lutte pour ne pas s’évanouir), quelles seront les réactions ?

Spoiler : 0 empathie.

La grossophobie vécue au quotidien

Si elle n’arrive pas à marcher, c’est forcément parce que « cette grosse vache ne fait pas de sport, voilà le résultat, alors tu bouges ton gros cul maintenant ».

Cette phrase, je l’ai entendue en traversant apparemment pas assez vite un passage piéton, au bonhomme vert.

Cette phrase, c’est une femme qui l’a prononcée (me l’a gueulée dessus serait plus approprié), avec son enfant assis à l’arrière de sa voiture. Bel exemple, alors je ne me suis pas gênée pour le lui dire, mais pas sûr qu’elle l’ait entendue, vu qu’elle est partie à toutes trombes, en me frôlant au passage, puisqu’elle n’a clairement pas attendu que j’aie fini de traverser pour foncer.

Cela vous choque ? Et bien moi aussi.

Et pourtant, on pourrait croire que je me suis habituée depuis le temps (pour information, j’ai commencé ma prise de poids en 2007).

0 empathie pour les handicapés invisibles

En 2020, je me voyais en fauteuil roulant avant la fin de l’année, puisque je n’arrivais quasiment plus à avancer tant la douleur était horrible. J’ai été opérée en urgence en juillet et j’ai récupéré la possibilité de marcher quasi normalement à partir de septembre (que j’ai peu à peu reperdue, malheureusement).

Dans ma ville, une personne que je ne connaissais absolument pas (mais qui apparemment me connaissait) m’a dit dans la rue « bah voilà, en reprenant une activité physique, vous marchez mieux ».

Alors je veux bien que l’intention était positive, mais je suis restée choquée. Ce n’était même pas un visage familier, comme lorsqu’on croise régulièrement une personne et qu’on finit par la reconnaître. Non. Je n’avais jamais remarqué cette personne. Par contre, elle avait dû me voir souffrir et n’avait jamais rien fait pour me demander comment ça allait, si elle pouvait m’aider.

Elle m’avait juste jugée.

Les gros font-ils du sport ? Apparemment pas, vu qu’on n’a pas le droit de porter un jogging

Depuis mon opération, je fais du yoga tous les lundis matins. Pour faire ma rééducation post-opératoire, au début, et maintenant pour tenter de limiter les dégâts des séquelles.

Il y a quelques mois, j’en ai eu marre des leggings qui glissent, donc j’ai investi dans un jogging (au bout de plus de 3 ans de pratique, il était temps).

Depuis, il ne se passe pas un lundi sans que je ne rencontre un regard qui me juge.

Lorsque je suis habillée normalement, parfois je reçois des regards de travers, mais pas tant que ça, ou alors c’est furtif.

Mais le jogging, ça, apparemment ça ne passe pas. Pas quand on est grosse. Parce que le jogging, c’est pour faire du sport à la base, m’voyez. Parce que bien sûr que je ne vais pas faire du sport dans mon jogging, voyons, je suis grosse !

Parfois, je me demande si je ne suis pas paranoïaque, mais cela a été constaté par mon entourage, donc non, ce n’est pas dans ma tête.

Je me dis également que j’ai de la chance d’être blanche. Ce serait surement pire si j’étais racisée !

Et si on arrêtait de juger les gens, tout simplement ?

Cet article a été écrit en espérant que la prochaine fois que vous verrez quelqu’un, vous y réfléchirez à deux fois avant de la juger. Je sais que c’est humain, que c’est parfois un réflexe, mais on peut s’éduquer là-dessus aussi.

D’ailleurs, je vais vous raconter une anecdote. Lorsque je prenais du poids, je m’interdisais de manger des viennoiseries (ce qui ne servait à rien, à part me rendre malheureuse, soit dit en passant).

Et un jour, je croise dans la rue une dame, qui offre une religieuse au chocolat à sa fille, qui était grosse. Et là, j’ai jugé fortement la mère (dans ma tête bien sûr ! je suis bien élevée) : « non mais ta gamine est obèse et tu lui donnes une pâtisserie en pleine rue en dehors des repas ?!!! »

Et là, j’ai tilté. Tous ces clichés que j’avais intégré contre mon gré. Contre mon vécu. Peut-être que cette gamine était malade, elle aussi, et qu’elle avait le droit à un gâteau parce qu’elle avait été courageuse/que c’était son anniversaire/juste elle avait faim !

Alors je me suis jurée de ne plus jamais juger méchamment les gens (ou en tout cas de m’engueuler intérieurement quand ça m’arrive) et je suis allée m’offrir un pain au chocolat.

PS. La photo d’illustration, c’est moi au yoga avec le jogging en question. 😉

Et pour lutter contre la grossophobie, vous pouvez soutenir La grosse asso !

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Une réponse à “Grossophobie (et handicap invisible)”

  1. Avatar de Damotte
    Damotte

    Super article. Bravo Marjo pour avoir eu le courage d’en parler. Ce n’est pas toujours facile de se livrer!
    Bisous